Est-il dangereux de faire du shopping électronique avec sa carte bancaire ? Sans aucun doute, First Virtual répond "oui". Cette entreprise américaine a réalisé un logiciel de piratage efficace pour vous piquer votre numéro de carte et s'en vante.
16 heures, Mountain View, Siege de la Netscape Communications Corporation, Californie.
Chuck a passé un 29 janvier bien tranquille jusqu'ici. Après une matinée à peaufiner son codage, ce sympathique informaticien qui consacre son temps à la sécurité électronique, se prépare à partir pour la salle de gym de Manu Pluton histoire d'avoir la pêche pour sa soirée à l'Aphrodisiac Garage avec Jill.
Avant de partir, Chuck relève son courrier électronique. Le logiciel contacte le POP, transmet le login et le password avant de demander au serveur les stats de la boîte aux lettres. Le transfert du seul message présent commence et Chuck regarde le niveau du téléchargement qui s'affiche sur l'écran. Auteur : BrianW, son homologue de chez Cybercash. Titre : BloodyFuckingHell. "Eh bien, ça s'arrange pas avec sa femme, ça attendra demain," pensa Chuck avant de cliquer pour lire.
La secrétaire du service l'observait au moment où c'est arrivé. Elle raconta au médecin que Chuck était devenu tout pale avant que des tremblements ne commencent à secouer sa carcasse de géant. Ses dents s'étaient entrechoquées une bonne dizaine de fois avec violence avant qu'il ne s'écroule.
"Tout ira bien pour lui ne vous inquiétez pas," prévint le doc avant de disparaître. Personne n'éteint l'ordinateur de Chuck. Toute la nuit, le message de BrianW resta affiché. "Saloperie mec, First Virtual a mis au point une application qui peut piquer les numéros de ta Visa sans problème en les détournant entre ton clavier et le système d'exploitation de ta machine au moment où tu achète un truc sur le net. On est cuits mon gars, franchement tu peux rentrer chez toi tout de suite -moi aussi d'ailleurs-, le cryptage ne sert plus à rien à partir du moment où le pirate n'attaque pas le logiciel mais l'ordinateur."
Les Français s'en foutent
Une actualité qui nous amène tout droit à reposer la question du paiment électronique : est-il complétement fou de confier au réseau son numéro de carte de crédit, ou les Américains sont-ils des paranoïaques incurrables ? Les faits : n'importe quel pro du piratage peut détourner votre numéro de carte. Mais le même pro peut sans difficulté générer ses propres numéros de carte sans se fatiguer à dénicher un pigeon et sa flemme est notre meilleure garantie.
Qu'en penser ? Nous les petits Français, nous sommes des fous du commerce électronique depuis longtemps. Le minitel a envahi nos foyers depuis les années 80 et aujourd'hui la moitié de la vente par correspondance dans notre pays a lieu via l'électronique ; avec tous les risques de piratage que cela comporte. Dans les faits nous n'avons guère connu de grandes affaires de détournement de numéros de carte bancaire. Quels angoissés ces Américains, d'autant que ce n'est pas le consommateur qui court le risque majeur puisque seul le numéro de la carte est demandé, pas le code confidentiel, ce qui met le vendeur dans l'impossibilité de prouver que le client était vraiment celui qui a passé la commande en cas de contestation.